02.12.2025

Après cette première série d’essais sur la génération d’images assistée par IA, nous tirons une conclusion nuancée. Les résultats étaient, d’une part, techniquement impressionnants par leur rapidité et leur qualité visuelle, mais ils ont révélé, d’autre part, une faiblesse architecturale cruciale : la tendance à la conformité et à l’imitation.

Le danger de la conformité.

Comme nous l’avons constaté, la première variante générée, que nous avions baptisée « Le Minimaliste », a certes fourni une solution rapide pour la parcelle vacante, mais elle s’est avérée ennuyeuse sur le plan architectural.

La Problématique : L’IA a eu tendance à fournir la réponse la plus simple et la moins audacieuse au contexte existant. Le résultat est une construction qui s’adapte totalement à l’existant, mais qui ne pose aucun accent propre, manquant ainsi l’opportunité d’apporter une valeur ajoutée urbanistique ou esthétique au lieu. Or, les plus-values architecturales naissent souvent de la rupture intelligente avec l’existant.

Le piège de l’imitation

Les trois autres exemples présentés n’étaient pas non plus, à y regarder de plus près, de véritables innovations, mais plutôt des imitations stylistiques très réussies d’architectes ou de mouvements architecturaux contemporains bien connus.

L’IA, un recycleur de style : Les générateurs de texte-à-image sont entraînés sur des milliards d’images. Cela signifie qu’ils sont excellents pour reconnaître et reproduire des motifs. Si nous demandons, par exemple, des concepts de formes organiques ou de façades brutalistes et réduites, l’IA fournit rapidement des images inspirées par la signature de bureaux célèbres comme Zaha Hadid, Herzog & de Meuron ou Bjarke Ingels Group (BIG).

La différence avec l’architecte : Le cœur de notre métier est de trouver des solutions uniques pour un lieu spécifique, un programme spécifique et un budget spécifique. L’IA nous fournit des motifs – l’architecte doit transformer, contextualiser et faire évoluer ces motifs vers une solution nouvelle et singulière.

Perspectives : Du Prompt à la personnalité

Cette prise de conscience est essentielle pour la suite de notre démarche : l’IA est un outil de “Visualisation” puissant, mais pas un outil de “Conception” à proprement parler. L’expertise architecturale de noke architecture réside plus que jamais dans notre capacité à :

1. Affiner le Prompt : Nous devons apprendre à diriger l’IA de manière plus précise et à dépasser l’imitation des styles connus par nos instructions.

2. Assurer la Contextualisation : L’IA voit l’image – nous voyons le droit de la construction, la topographie, l’histoire et les besoins sociaux.

3. Mettre en œuvre la posture architecturale : Nous devons évaluer de manière critique les images générées, corriger leurs faiblesses et y apporter la signature unique.

Pour la prochaine étape, qui portera sur les parcelles réelles de Gilsdorf, Diekirch et Bettendorf, il ne s’agira donc pas seulement de savoir ce que l’IA génère, mais surtout de la manière dont nous utilisons notre intelligence architecturale pour affiner et dépasser le résultat.

Guy Klein